Amour bienveillant vs. amour passion

Mettā, « amour » ou « amour bienveillant » en pāli, est le premier des brama-vihāra, les « quatre demeures sublimes ». Les autres la compassion, la joie sympathisante et l’équanimité, s’enracinent en mettā, qui les soutient et les nourrit.

Dans notre culture, le mot « amour » désigne généralement la passion ou une forme de sentimentalisme. Il est crucial de distinguer mettā de ces deux états. La passion renferme du désir, du manque, de la possessivité et un sentiment de propriété. Elle a besoin que les choses se passent d’une manière précise, que des attentes soient comblées. Le modèle de relation qui sous-tend en large part la passion est conditionnel et, au final, voué à l’échec : « Je t’aimerai tant que tu te conduiras de quinze façons suivantes, ou tant que tu m’aimeras au moins autant que je t’aime. » Ce n’est pas un hasard si le mot « passion » est issu du latin passio, qui signifie « souffrance ». Le manque est les attentes mènent inévitablement à la souffrance.

A l’inverse, l’esprit de mettā est inconditionnel : ouvert et dégagé. Comme l’eau qui coule d’un contenant à un autre, mettā circule librement, s’adaptant à la forme de chaque situation sans changer de nature. Une amie peut nous décevoir, ne pas répondre à nos attentes, sans que notre amitié pour elle en soit diminuée. Nous-mêmes pouvons nous décevoir, ne pas répondre à nos attentes, sans pour autant cesser d’être notre ami…

Par Sharon Salzberg, extrait de « L’amour qui guérit »

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